Le Monstre et l'Infante

Le Monstre et l'Infante

Longtemps on fit du Loup, ce Seigneur,
Des enfants la pire des peurs.
N’y suffisant pas toujours
On fit des Ogres, quand tombe le jour,
Le cauchemar de leur nuit
Si de buissonnières escapades
Ils leur venaient l’envie.
De toutes ces mascarades
On menaça ainsi ceux peu sages
D’en subir les affreux carnages,
Terrorisant plus sûrement leurs songes
Qu’à cette autre vérité n’y faire mensonge :
Les Monstres bel et bien existent !
Et, plus tristes,
S’ils se repaissent de chair, c’est du pêché
De celles d’Anges dont les âmes abîmées
Et à jamais dérangées
Errent sous l’atroce peine
De rechercher leur innocence violée :
Faut-il encore que d’autres saignent
Pour qu’on déloge ces horreurs
Et qu’on leur arrache, s’ils en ont un, le coeur…

… De tout cela, une fragile Infante
Avait eu leçon
Comme toutes les autres filles d’y faire attention ;
Mais la vie n’est pas clémente
Car là où on s’attend à apparition bestiale
N’est qu’apparence normale
Et de Croque-mitaine
Qu’êtres à la haine,
Certes obscènes,
Mais pourtant… toute humaine !
Ainsi celui pris pour Dieu le Père
Peut avoir bel air
Mais dissimuler glacial pervers
Sous son masque de travers.
Pensant protéger, coupable faiblesse,
On fait ainsi croire aux Princesses
Bien d’enfantines Fables
Au lieu de prêter attention à leurs morales
Faisant souvent que le Mal
Dort dans notre lit ou dîne à notre table !


À Kalinka… et aux autres Fées à qui on a arraché leurs
ailes à peine déployées…

Auteur : Val


  • Croque-mitaine : Personnage de Conte qui pourchasse les enfants et glacent leurs mains le plus souvent…
  • Infante : Jeune fille de rang noble à l’origine (Espagne.)
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(tiré de l'ouvrage édité : Le Fablier de Val)

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