La Pierre et la Plume
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La Pierre et la Plume

Une pierre clamait à qui passait
Qu’elle était la plus forte, qu’aucune autre chose,
En ce domaine, ne la surpassait.
« Vous êtes douée pour l’inutile prose,
Fit une plume volant par là. – Réellement ?
Forte, vous dis-je, et d’une résistance ;
Rien ne peut me détruire : on me lance
Et même en retombant lourdement,
Je reste intacte. De plus, je suis rapide
Pour dévaler du vide.
– D’une motte de terre, sans doute ;
Ce qui ne vous met guère en déroute.
Mais seriez-vous mieux à votre aise
A tomber de cette falaise ?
Relèverez-vous ce défi ?
A moins que du précipice vous ne faites fi,
Comme vous le prétendez, termina la plume.
– N’ayez crainte, j’assume
Ici et devant toute cette assemblée. »
On alla au bord de la falaise ; d’emblée
L’on se jeta : « Dégagez le terrain
Car je serai le premier, c’est certain,
Hurla la pierre
Qui, effectivement, arriva première
Mais… en se fracassant sur un rocher :
Il n’y avait pas mieux pour se faire moucher !
La plume ? Transportée doucement par le vent
Se posa sur la roche sans fracas.

On se prête souvent
Des qualités que l’on a pas.

Fable de David Claude

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