Joute III

Joute : Fables en rimes - Sujet : Reprise de la Fable : Le Fanfaron d'Esope de la prose à la rime (Proposé par Val)

Un athlète du pentathle, à qui ses concitoyens reprochaient à tout moment son manque de vigueur, fit un jour une tournée à l’étranger et, après un certain temps, il s’en revint. Et, en se vantant, disait qu’à maintes reprises dans d’autres cités il avait fait preuve de sa valeur, et qu’en particulier à Rhodes il avait fait un saut tel qu’aucun vainqueur olympique ne pouvait l’égaler ; et il déclarait qu’il produirait comme témoins ceux qui l’avaient vu, si jamais ils venaient un jour dans le pays. L’un de ceux qui étaient là prit alors la parole et lui dit :
« Eh bien ! mon ami, si ce que tu dis est vrai, pas besoin de témoins : ici, c’est Rhodes ; voyons le saut ! »
La fable montre que pour ce que l’on peut prouver par les actes, les paroles sont de trop.

Fabulistes engagés : Pierre M - FGC - Pierre Simard - Val - Julien - David-Claude

  • Vote des Fabulistes pour la joute :

David-Claude au plus grand nombre de votes
Val au plus grand nombre de première place à égalité avec Pierre M au nombre de votes
FGC a été placé une fois à la première place
Pierre Simard a été placé une fois sur le podium

À noter que FGC n'a pas participé au vote et que Julien Sabban n'a voté que pour la première place


  • Les Fables : (Décembre 2012)

Le Fanfaron de Rhodes

"En son pays nul n'est athlète…"
Cette idée tournait dans la tête
Non d'un disciple de Platon,
Mais d'un coureur de marathon.
S'il finissait toujours dernier,
Avec l'insouciance du Lièvre,
C'était ou le vent, la fumée, ou la fièvre,
Ou les chausses du cordonnier…
Comme on riait de ses excuses,
Ce champion,
Sans talent mais non pas sans ruse,
Se fit des lauriers d'invention.
Il partit pour cela dans des contrées lointaines,
Mena de ci, de là, une vie d'indolent,
Et puis au bout de l'an,
Revint conter calembredaines.
Des lauriers sur le front, il contait ses victoires
Aux places des cités,
Et chacun de féliciter
Cette nouvelle et modeste gloire…
Or, un jour que par Rhodes il passait,
Il chanta pour la centième fois
Le récit de tous ses exploits:
"J'étais, figurez-vous, en la cité de Rhodes,
Et sous l'oeil d'Apollon,
Mime le fanfaron,
J'accomplis un tel saut que je rompis la corde!"
"Merveilleux! fit un des auditeurs;
Comme tu es à Rhodes, fais-nous donc cet honneur
De nous montrer ce saut, que chacun n'a pas vu;
Nul besoin de paroles; ce qui est vu est cru."
L'imposteur trouva plus aimable
D'aller ailleurs, mais de garder la fable.

Auteur : Pierre M.


Le Lymphocyte lymphatique

Tout en haut de la Jugulaire,
Au bout de cette grande artère,
Oeuvraient les agents sanitaires
De la Brigade Immunitaire.

Parmi les nombreux Leucocytes
Traquant le moindre parasite,
Se trouvait là un Lymphocyte
Qu’on trouvait par trop lymphatique.

A la moindre des infections
Tandis que tous ses compagnons
Sacrifiaient à leur mission
Lui demeurait sans réaction.

Et c’est ainsi que ce globule
Dont l’utilité était nulle
De l’aube jusqu’au crépuscule
Coinçait uniquement la bulle…

Au vu de ses mauvais états
On le muta, on l’affecta
Au sein de différents Plasmas.
Peine perdue, rien ne changea.

Puis, un jour, il est revenu
Dans le tout premier C.H.U.
Perché en haut de la Jugu,
Où il avait fait ses débuts.

Et devant les globules blancs,
Tous apprentis, du nouveau sang
Et la plupart encore enfants,
Il pérorait en leur disant :

Notre Réseau Sanguin,
Moi je le connais bien,
Canal coronarien
Ou vaisseaux rachidiens.

Dans tout cet organisme,
Fait de fleuves et d’isthmes,
A chaque cataclysme,
J’ai frisé l’héroïsme

Attrapant les microbes
En refermant mon globe,
Des bactéries ignobles
Qui méritent l’opprobre !

Sauvant la vie, ainsi,
A bien des Hématies.
Des Plaquettes aussi
M’ont pu dire merci.

Mais voici soudain qu’un virus
Qu’avait colporté une puce
Arrive tout droit du plexus.
Les bleus y courent sitôt sus.

Et alors les Erythrocytes
Lui lancent : Vas-y, cours-y vite !
En y mettant toutes tripes !
Mais le globule prend la fuite.

On peut parler beaucoup
En se haussant du cou
Sans rien faire du tout…
Et on voit ça partout.

Fable de François Grand-Clément


Le Lapin du Magicien

Sa vie de saltimbanque terminée
et l’heure de la retraite sonnée,
un exilé de lapin de magicien
s’en retourna parmi les siens.
Cet expert de l’évasion du truc du chapeau,
qui se voyait aisément sur la chose le héros,
habitué qu’il était aux applaudissements,
aux acclamations et aux rappels étourdissants,
se mit à se vanter tant et tant qu’à la fin,
exaspérés, deux moins célèbres lapins,
l’attrapèrent et l’attachèrent à leur manière
pour qu’il leur montre un peu de son savoir-faire.
Ses fanfaronnades lui sautant au visage,
le lapin comprit qu’il lui aurait été plus sage
de ne pas avancer ses babines
là où ne peuvent suivre ses bottines.

Fable de Pierre Simard


Le Marathon de Rhodes

A Rhodes
Un colosse à l’âme peu finaude,
Revenu du continent
Voilà peu de temps,
Clamait à tue-tête
Qu’il y avait été sacré athlète
Détrônant jusqu’à Léonidas, héros
Et champion Olympien sacré au
Stade, à l’hoplitodrome et à la diaule :
S’y vantant même notre drôle
De le supplanter de deux disciplines,
La lance et la couse de fond !
De ce farfelu Pentathle, le fanfaron
De rire, qu’ici sur l’île, si sa javeline
Comme aux Jeux fut projetée
Elle se serait perdue dans la mer Egée…

… « Ne t’en donnes peine
Et fais plutôt montre à l’endurance
De tes exploits, ayant même distance
Séparant Marathon d’Athènes
En la largeur de notre pays,
Une chance ! »
Maligne insolence
Dont cet Achille, nom du merveilleux ahuri,
Tenta de se soustraire par le talon
Invoquant quelques crevasses…
… Menacé de perdre pourtant la face
De s’y résoudre pour de bon :
Alors notre hurluberlu
Couru…
… Tant même qu’il en mourut
A peine la moitié parcourue,
Ne glanant de lauriers célèbres
Que ceux tressés sur sa couronne funèbre !

Voilà pour le mythe
Comme pour les paroles dites
Dont les actes seuls font preuves
Alors misent à l’épreuve

Auteur : Val - Commentaires à retrouver ici : Annotations


Le Financier, Leboeuf et Lannes

Un financier habile et néanmoins honnête,
Avait deux employés, dont une forte tête.
Chacun avait son job, et tous deux un filon,
Où les gains étaient plus qu’enviables.
Le premier Henri Lannes était très serviable,
Il recherchait tous les gogos,
Qui gagnaient trop d’argent, et payaient trop d’impôts,
Tandis que le second, un bonhomme bougon,
Devait tirer des heures au fond de son bureau,
Rageant de voir son copain Lannes,
Gagner sa vie à bavarder.
-Regarde mon ami, tous ces dossiers en panne,
J’en ai assez de ce métier,
Des bilans financiers et de la paperasse
Il faut de tout cela, que tu me débarrasses !
Georges Leboeuf, mourait d’envie,
D’être à la place de son ami.
-Je suis désemparé, aide moi je t’en prie !
-Prends un congé, un vrai congé de maladie,
Lui répond Lannes, c’est syndical et régulier,
Tu vas pouvoir te reposer.
-Je ne suis pas malade, et ce n’est pas honnête.
- Dépose ton congé, va-t-en faire la fête,
Et je me charge du patron.
Je lui dirai que tu déprimes
Mais notre Financier, découvre la combine,
Et donne à Lannes une leçon.
-A partir d’aujourd’hui, tu feras double tâche,
Ton collègue Leboeuf ira… traire les vaches.
Quant à toi mon ami, tu sauras désormais,
Qu’il en coûte toujours de jouer les niais.
Henri Lannes confus de sa mésaventure,
Consentit malgré lui, de payer la facture.

De cette fable, on peut tirer une maxime.
Il arrive parfois que le bon conseilleur,
Par ricochet, devienne aussi payeur.


Le Fanfaron

Un athlète de pentathle manquait de vigueur ;
Comme ses concitoyens lui tenaient rigueur,
Il partit faire une tournée à l’étranger.
Un jour, il s’en revint et , à maintes reprises,
Narrait qu’il mena si bien ses entreprises
Que le public ne cessa de l’encourager.
Dans toutes les cités
Où il était passé,
Se vantait-il, on loua ses capacités ;
Nombre d’attente, son succès avait dépassé.
Notamment à Rhodes où il fit un tel saut
– Où il mit la barre si haut –
Qu’un autre athlète ne pourrait le reproduire
Et, que si on en doutait, il pourrait produire
Comme témoins tous ceux qui le virent si, un jour,
Ils venaient dans le pays faire un séjour.
Une personne parmi
La foule prit alors la parole : « Eh ! l’ami,
Nul besoin de témoins,
Ici c’est Rhodes, ne nous laisse pas en reste :
Voyons ce saut au moins.

A la parole, il faut toujours joindre le geste.
Le fanfaron peut croire
A ses sornettes, à ses propres balivernes
Mais faire prendre des vessies pour des lanternes
A la multitude, c’est tout autre histoire.

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